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24/02/2022: Cannes 2022: le Festival International des Jeux sur la Croisette!

Une chose est certaine, c'est que le jeu Sound Box (chez Iello) va faire du bruit. La promesse est fofolle, mais c'est pour ça qu'on meurt d'envie d'essayer. A chaque manche, un joueur se cache les yeux, et écoute. Tous en même temps, les autres joueurs vont imiter un son parmi ceux proposés autour du plateau! Et bien entendu, le but sera d'identifier correctement tous les sons.

Superbe proposition que "Les animaux de Baker Street" chez Iello. Un jeu d'enquête familial, très joliment illustré, avec 6 enquêtes de difficulté croissante. Chaque animal enquêteur a une compétence particulière. Du coup, vous allez choisir qui vous envoyez enquêter sur chacun des lieux présentés. En connectant la carte animal à la carte lieu, vous découvrez (peut-être) un indice qui vous permet de progresser. A essayer, mais c'est prometteur.

Autre proposition très prometteuse chez Iello. "The night cage" a un look sombre qui correspond bien à son thème. Vous êtes perdu dans un labyrinthe et vous voyez à peine les cases immédiatement autour de vous. Votre objectif est coopératif: les joueurs dispersés dans le labyrinthe doivent chacun récupérer une clé puis trouver la porte qui leur permettra de s'échapper en groupe. Au fur et à mesure de leur progression, les joueurs découvrent de nouvelles cases du labyrinthe, tandis que d'autres disparaissent, créant un espace en constante évolution. Il y aura de nombreux dangers à éviter ou à affronter avant de sortir sain et sauf.

Bitoku est un jeu expert qui a fait beaucoup parler de lui, et pas uniquement pour rire de son titre. Il coche toutes les cases du jeu expert contemporain: deck building, pose d'ouvrier, gestion de resources et salade de points. Le jeu avait surpris les joueurs lors de sa sortie internationale, parce que venant d'un éditeur et d'un auteur inconnu. Et la bonne nouvelle, c'est que Iello en sort une localisation francophone.

Je peux déjà vous dire que Pessoa est joli et attirant. Pour ce qui est du retour d'expérience, j'ai bien essayé sur le festival, mais suite à une explication foireuse de la règle, j'ai joué une partie bancale dont le compte-rendu ne lui ferait pas justice. Il me semble qu'avec la règle correcte (maintenant que nous avons compris), le jeu devrait être bien plus agréable.

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Cyril Blondel, l'auteur (entre autres) de Ricochet. Et il nous a émerveillé des milliers d'idées qui lui traversent la tête.

D'une part, il travaille sur une version junior de Ricochet. Sur base de ses propres idées, ou sur bases de propositions faites par des joueurs, profs et instits assidus, les possibilités de développement se multiplient à l'infini. Comme cette idée de remplir la grille en posant des pentominos sur des mots partageant un thème commun, tel un mariage entre un jeu de mots et un casse-tête Smart Games.

Dans un autre registre, l'auteur s'est pris de passion pour le travail de Mehdi Moussaïd sur la fouloscopie, l'étude du comportement des foules. Il prévoit de sortir un jeu sur la rumeur. Le principe consiste pour chaque joueur, à propager certaines rumeurs sur un ensemble de médias. Chaque joueur reçoit secrètement les rumeurs (sous forme de texte à trou genre "xxx prend des médicaments pour yyy") et les médias sur lesquels il doit les propager. Un joueur enquêteur va faire défiler des cartes médias, et écouter les joueurs qui s'expriment tous ensemble. Son but sera d'identifier qui propage quelle rumeur et sur quel média. Les propagateurs de rumeurs, eux, essaieront d'écouter les rumeurs propagées par les autre également.



Géniale découverte de "Complices", un jeu imaginé par Antonin Boccara (l'auteur de Fiesta de los muertos). C'est un jeu coopératif pour 2 joueurs. La grande originalité, ce sont les lunettes! Un joueur portera les lunettes rouges, l'autre les lunettes bleues. Ensemble, les joueurs vont cambrioler un musée. Evidemment, le musée est protégé par des capteurs lasers... rouges et bleus. Le joueur aux lunettes rouges voit les lasers bleus, et le joueur aux lunettes bleues voit les lasers rouges. Ensemble, ils vont collaborer pour dessiner leur trajet dans le musée, en communiquant en temps réel pour éviter les pièges des capteurs d'alarme. C'est rempli de fiches et de défis à réaliser, c'est super original et très fun!

L'éditeur KYF édition nous présente Las Vegan (oui oui, c'est bien vegan, il n'y a pas de faute de frappe), un jeu où on mise sur des... machines à choux, bien entendu! C'est en fait un jeu de cartes, qui ressemble à un jeu de plis classique: un joueur lance un pli en jouant une carte d'une couleur, les autres joueurs doivent suivre dans la même couleur, ou bien peuvent couper avec un atout (toutes les cartes de valeur "0" sont des atouts), ou encore jouer une carte quelconque. Et comment faire pour gagner? En fait, on ne le sait pas au début de la manche, mais on le découvre au fur et à mesure. Sur le côté de la table, il y a une série d'objectifs, mais on ne sait pas encore si ces objectifs apporteront des points en positif ou en négatif. Chaque fois qu'un joueur gagne une carte de valeur "7", il peut attribuer un score positif ou négatif à un des objectifs. Le jeu de plis devient donc complètement fou, puisque les objectifs changent de partie en partie, et leur valeur se dévoile progressivement en cours de partie.

Las Vegan, chez KYF édition

J'aime "J'emme"! J'emme, c'est le nom de ce jeu de stratégie en auto-production 100% française. Un jeu qui se situe au croisement du "Pente" (qu'il faut prononcer "pènté") et du jeu de Go.

Le "Pente", pour les moins jeunes d'entre nous, est un jeu d'alignement de pierres que l'on pose sur les intersections d'une grille. Dans "J'emme", on gagne en réalisant un alignement de 6 pierres, ou un certain nombre d'alignements de 5 ou 4 pierres, dépendant du nombre de joueurs.

Le jeu de Go est le "roi des jeux" asiatiques, un peu comme les Échecs le sont en occident. C'est un jeu où l'on pose également des pierres sur les intersections d'une grille, dans le but de contrôler des territoires et capturer des pierres adverses. Le point commun avec "J'emme", ce sont les captures. Dans "J'emme", lorsque vous vous placez de part et d'autre d'une paire de pierres adverses, vous les capturez. Vous pouvez aussi gagner la partie en capturant des pierres adverses, dans une quantité qui dépend aussi du nombre de joueurs.

Alors que la plupart des jeux d'alignement se jouent idéalement à 2 joueurs, "J'emme" prendra une saveur supplémentaire lorsque vous le jouerez plus nombreux. La raison, c'est que la fourberie fait son entrée dans le jeu. Un joueur peut créer une "menace" d'alignement. Lorsque vient votre tour, vous pouvez jouer le bon samaritain en contrant la menace, mais vous pouvez aussi jouer votre propre jeu, voire créer de nouvelles menaces, et laisser aux autres le soin de résoudre la menace. A partir d'un certain point de la partie, il y a des menaces un peu partout, et on se prend au jeu de discuter et négocier pour savoir qui prendra en charge quelle menace pour que la partie ne prenne pas fin abruptement.

Le matériel est superbe. Les "pierres" (pour reprendre la terminologie du jeu de Go) sont en verre teinté, et le superbe plateau s'enroule dans un grand tube.



Chez Sit Down, nous avons découvert deux jeux intéressants.

Fairy Lights (sur la photo), est un jeu de cartes basé sur la prise de risque en mode "stop ou encore".

Le deuxième jeu, dont nous ne connaissons pas encore le nom, est un prototype de Kasper Lapp, l'auteur du génial Magic Maze chez le même éditeur. Dans ce nouveau jeu, l'auteur fait une nouvelle fois preuve d'une grande originalité. Il s'agit d'un jeu coopératif dans lequel les joueurs doivent construire une grille de 6x6 tuiles. Le twist, c'est que chaque joueur connait une contrainte secrète de construction de la grille, sans pouvoir communiquer cette contrainte à ses partenaires de jeu. La seule forme possible de communication se déroule pendant la construction de la grille, en temps réel pendant l'écoulement du sablier: elle consiste à retirer des tuiles qui violent la contrainte dont vous avez connaissance, et donner ces tuiles à un autre joueur. Par cette communication indirecte, les joueurs doivent tenter de comprendre les contraintes des autres joueurs pour parvenir à construire la grille. Quelques exemples de contraintes: les bâtiments jaunes doivent être voisin d'au moins un autre bâtiment jaune, il faut construire une haie en rectangle fermé etc.



K3 est un jeu de Philippe Proux qui consiste à vous débarrasser de vos pions en bois en construisant une pyramide collective au centre de la table. La contrainte de cette pyramide: un pion doit reposer sur deux autres pions, et avoir la même couleur d'au moins un de ces deux pions. Les pions en bois naturel sont des jokers. C'est à peu près aussi simple que ça. C'est simple, c'est malin, c'est beau.

Chez Blue Orange, nous avons essayé et aimé Lost Seas. Un jeu où vous devez construire une grille de 4x4 cartes illustrées de multiples symboles. Votre but: satisfaire les objectifs définis sur chaque ligne et chaque colonne de votre grille. Au début de la partie, c'est vous qui choisissez comment disposer les objectifs, et qui décidez de les poser sur leur face "facile" ou "difficile".